Le poème de l’abricot y voit deux cuillères collées de confiture un peu ferme dans lesquelles ne resterait qu’à mordre, n’était la traitresse d’un noyau importun. Ou le cul d’un ange posé nu sur la table. En tout cas, c’est l’été qui s’invite, et le soleil, et la lune, donc. L’abricot, par kilo, et le bruit des guêpes avides qui se gorgent de sucre. L’abricot est, de loin, mon fruit préféré. Je l’aime charnu, juteux, et pas de cette farine insipide qui fige les fruits trop vite poussés sous les bâches pour remplir à bon prix les rayons. L’abricot se mange presque trop mûr, à la limite de la compote, et l’on repousse celui qui ne tiendra jamais ses promesses de velours. On en mange deux ou trois à la fin du repas, et c’est le secret d’une journée réussie. Il fait chaud, la sieste impose sa loi, et l’on recommencera le lendemain, jusqu’à la fin de la cagette.