En Europe, on fabrique des paillassons. Le détail est loin d’être insignifiant. Je suis sûre qu’à une époque on les confectionnait au Maroc ou en Algérie, ou en Chine. Mais, là, non : je peux acheter un paillasson européen et m’essuyer les pieds sur un bout d’Europe à l’entrée de mon appartement. Dans le grand maelström de l’économie mondialisée et des échanges libéralisés, le paillasson européen est un symbole fort. Lorsque vous poserez votre premier pied chez moi, c’est en Europe que vous serez. Sans aucun doute possible. C’est un petit pas pour l’homme, un grand pas pour l’autonomie industrielle du continent. Pour le pas suivant, je ne suis pas très sûre de la provenance de la moquette vert anis posée là par mon propriétaire. Elle n’est pas du meilleur goût, et j’ai bien peur qu’elle ait été importée d’Asie sur un porte-conteneur sous pavillon de complaisance.