Tu as peur de ne pas ressembler à la fille du catalogue, lèvres juste de la couleur assortie au cachemire, et que je ne te regarde plus. Tu as peur de boudiner dans le pull et que je regrette que tu n’aies pas la taille mannequin. Tu as peur des oreilles décollées, de la pommette affaissée, des seins trop petits, des ongles fendus et de l’épaule voutée. Tu as peur du premier cheveu blanc, et du sourcil épais. Tu crains la fossette qui manque à ton menton, et regrettes de ne pas maîtriser le léger déhanché qui donne de l’allure. Tu surveilles les faux plis, l’amorce des pattes d’oie au bord de ton regard, la pilosité de tes avant-bras. Tu es chagrinée par la couleur terne de tes yeux qu’aucun mascara n’arriverait à rehausser. Tu t’en fais beaucoup pour pas grand-chose : la façon dont je te regarde n’a décidément rien de commun avec ta capacité à te trouver des défauts.