Site icon Sébastien Bailly

14 mars – Arno

Tu crois quoi, que ta vie sera un jour comme avant ? C’est fini. Fini. Tu as mis le doigt dans un engrenage qui va te broyer, ne rien laisser de toi, te moudre, te pulvériser. L’enfant arrive, et ce sont les petits matins mornes qui suivent les nuits sans sommeil. Les hurlements nocturnes, les couches, les régurgitations, bientôt les maladies, et si l’on n’entend plus rien : l’inquiétude. Le morpion respire-t-il, au moins ? On t’a vendu du rêve, mais pour cinq minutes d’une tête blottie au creux de ton épaule en total abandon, ce sont des enchaînements de biberons crachés à ta figure et de doigts dans tes yeux dont les ongles mous te lacèrent sans retenue. Toutes les solutions te semblent envisageables : tu dois sortir de l’ornière, d’une façon ou d’une autre et tu te procures tous les artifices disponibles en espérant qu’un jouet saura le détourner de son travail de sape. Une minute au moins.

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