Je porte mon mug fumant entre mes deux mains juste devant mon visage. Le premier contact avec le thé, c’est ça, les mains réchauffées, et l’odeur. Le plaid sur les genoux, un feu dans la cheminée. Le crépitement des braises. La solitude. Le temps suspendu. Un livre à portée de main, que je n’ouvre pas. J’ai lu auparavant, je reprendrai ma lecture aux deux tiers de la tasse. Je ferme les yeux. L’orange, la cannelle, le thé noir. Un peu de buée sur les lunettes, vite évaporée. Le sentiment fort que tout tendait vers ce moment précis, que chaque action, chaque décision, chaque parole des quarante années qui viennent de s’écouler n’avaient qu’un objectif : m’asseoir là, avec thé, et fermer les yeux. Aucun moment jamais ne m’offrira pareille plénitude, mais je n’y pense pas. Ici, maintenant, on frôle la perfection.