Je préfère la pénombre et le flou, le gris des zones intermédiaires, le demi-jour, le clair-obscur, le reflet diffus des fins de journée brumeuses. Ce qui m’importe, c’est l’ambiance. Qu’on se sente bien chez moi. J’aime le feutré, le doux, l’accueillant et me méfie des lumières vives qui invitent à l’agressivité en ne cachant rien des travers ni des défauts. Je fuis les néons et les spots des salles de spectacle qui n’épargnent aucun détail. À l’éclairage puissant des salles d’autopsie, je préfère celui plus modeste des boudoirs et des alcôves qui laissent à toutes une chance de séduire, qui offrent à tous l’opportunité d’un malentendu. Dans l’ombre, l’autre se devine à peine, il se laisse approcher à tâtons, ne dévoilant que le souhaitable, découvrant pas à pas l’inavoué. Et ce jeu vaut les mille feux qu’on a bien fait d’éteindre.