Site icon Sébastien Bailly

19 mai – Yvette

Je n’aurai jamais mon pavillon avec son terrain, les haies de thuyas, le carré de pelouse et la balançoire pour les petits enfants. Je ne quitterai mon deux pièce que pour l’Ehpad, et je descends parfois jusqu’au square regarder jouer les enfants des autres. C’est la vie. Pas une raison pour renoncer totalement à mes rêves. Je n’ai pas tout réussi, mais l’on ne peut rien me reprocher, et quand je me regarde dans la glace, derrière ce visage marqué par la vie, je vois celui d’une adolescente fière de pouvoir soutenir son regard même si tout n’a pas été facile. J’ai un petit balcon pour prendre l’air, où j’ai posé une table, une jardinière de géraniums et un carré d’herbe. Du plastique, peut-être, mais c’est presque un jardin où je peux marcher pieds nus et prendre mon café en observant plus bas dans la rue passer les gens qui courent encore après leurs désirs. Bientôt ils prendront ma place.

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