Je ferais des kilomètres pour du jambon séché, du vrai, de l’artisanal préparé avec amour et savoir-faire, du roulé sous les aisselles, riche de l’odeur du terroir. Du jambon musclé de cochon qui a trottiné dans la fange et trainé son groin au pied des chênes centenaires à la recherche de quelques truffes. Du jambon frotté au marc, au gros sel, au poivre, et enroulé dans la gaze pendant deux ou trois mois, peut-être plus. Toutes ses saveurs concentrées dans un gras blanc, et le rouge profond d’une chair fondante sous le palais. Du jambon comme on n’en fait plus, de cochon à demi sauvage, nourri aux glands comme dans l’enfance. Je ferais des kilomètres pour rejoindre le grenier aux jambons pendus à la ficelle, attendant l’heure de la dégustation et respirer à plein poumon la promesse d’une viande dont je remplirai mon coffre à ras bord, trop heureuse d’offrir de pareilles tranches de bonheurs à celles et ceux qui comptent pour moi.