Site icon Sébastien Bailly

21 mars – Clémence

Souvenir d’enfance, la main posée sous la fenêtre et le petit courant d’air froid qui fait frissonner le corps entier. L’hiver s’immisçait dans les pièces par les chambranles mal isolés et la nuit, lorsque l’édredon glissait du lit, une vague glacée me saisissait jusqu’aux os. Adulte, je sais l’importance du joint qui obstrue les interstices oubliés. Dans une lutte impitoyable contre les failles thermiques, j’en couvre les moindres encadrements avec application, de la lucarne à la baie vitrée, de la porte d’entrée à la véranda, du vasistas à l’œil de bœuf. Dans les chambres d’hôtels, je déroule le joint en caoutchouc que j’emporte toujours avec moi, comme d’autres leur sèche-cheveux, leurs pantoufles fétiches ou leur oreiller ergonomique : le moindre filet d’air provoquant des nuits blanches. Je ne cède au repos que dans les pièces hermétiques, et rêve d’espaces clos comme l’était le ventre de ma mère.

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