Site icon Sébastien Bailly

25 mars – Umberto

J’ai une théorie sur la cuisine. Une théorie sur le hors d’œuvre, le hors d’œuvre ouvert, celui qui bien que pensé par le cuisinier offre au gastronome la possibilité d’une interprétation. Le plat ne prend son existence réelle qu’au moment de la dégustation. Œuvre en trompe l’œil qui joue des sens et se dérobe au moment même où l’on pouvait croire l’affaire jouée. Les choses ne sont pas ce qu’elles semblent être et c’est à celui qui se confronte au hors d’œuvre d’en proposer, en même temps qu’il mange, une interprétation qui le satisfasse. L’œuvre est postiche, et pastiche. Vous croyez voir des carottes, mais vous voyagez avec un saumon. L’entrée a l’allure d’un dessert, mais l’impression se désagrège dès la première bouchée. La rose n’en a que le nom. Je pourrais écrire une thèse, mais comment ? Pour dire quoi ? Presque la même chose jusqu’aux limites de l’interprétation, jusqu’à reconnaître le faux, partout où il se niche.

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