Ne laisse plus les soirées se terminer à jeun. L’idole est avinée, cuite. Il n’en sort rien qu’alcool pur. Acide corrosif. Tu savais trouver les mots qui décapent, et c’est l’esprit brumeux, entre deux vomissements, que viennent encore les idées les plus lumineuses. Tu n’es que le déchet qui reste après l’orage, trop lourd pour avoir été emporté. Tu es le cadavre inutile, les tessons de canettes déjà pissées. Tu es le pus trop épais. Tu as le genou dans le caniveau, la tête dans les étoiles et c’est pourquoi on te décapite. Tu ne devrais écrire qu’en fin de soirée, seul au milieu des débris, pour dire enfin au monde : vois dans quel état tu m’as mis, et crier aux salauds que tu ne mérites rien d’autre que ce qu’ils ont fait de toi. Merde au monde et fi des convention. Il faudrait toujours être présentable, aimable, se tenir droit, dire bonjour à la dame ? Allez là où vous méritez d’être avec vos politesses et votre hypocrisie : il n’y a dans mes bras de place que pour la bonté, pour le beau, pour l’absolu. Restez contingents et poisseux comme la morve qui vous colle aux doigts. Vous ne méritez rien. Torchez-vous avec les lettres d’excuses que vous n’avez jamais écrites. Laissez moi boire. Il reste encore un verre, une bouteille, un bar ouvert, un comptoir où côtoyer quelque compagnon d’infortune. Et les mots, les mots qui sont les dernières vapeurs où me noyer, puisque vous avez tout rendu impossible.