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289 – Il aurait fallu

Le temps et la distance

Les kilomètres de brouillard

Les minutes de silence

Les mois et bientôt les années

Il aurait fallu ça

Tu crois ?

Ça ne suffirait pas

La profondeur des océans

La hauteur des nuages

Les tangentes et les méandres

Les ponts abandonnés aux ruines

Il aurait fallu ça

Et plus

Beaucoup plus

Des langues inconnues

Et ne plus rien entendre

Dans le cotonneux

Derrière les remparts

De chaque côté des douves

L’infranchissable des frontières

Il aurait fallu

Pour m’éloigner de toi

Qu’on m’attache au poteau

Des torture annoncées

Qu’on coule mes chevilles au béton

Qu’on fonde mon cœur dans l’acier

Il aurait fallu des pièges

Et m’écarteler

Me livrer aux loups

Tu crois ?

Ça n’aurait pas suffit

L’aridité des déserts

Les à-pics

Les crevasses et les falaises

Les abîmes

Le lent crépuscule des folies passagères

L’assèchement des landes

L’impossibilité du dialogue

Le vol groupé des rapaces à noircir le ciel

Et l’assourdissante fanfare des nains tonitruants

Ça n’aurait pas suffit

Dans le claquement des portes qui se ferment

L’éboulement des murs de soutènement

Le fracas des abandons

Les hurlements les cris les grincements

Le bris des poutres maîtresses

Non

Ça n’aurait pas suffit

À m’éloigner de toi

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