Louer une villa avec piscine, palmiers, vue sur la mer, et s’allonger sur le matelas pneumatique, un pied négligemment plongé dans une eau tiède et rafraîchissante, bercée par le chant des cigales et, au loin, le sifflement d’un oiseau que je ne sais pas reconnaître. Mon bonheur est absolument parfait, d’autant que je reste fidèle à mes origines modestes puisque j’ai pu me procurer le très rare et très recherché modèle de matelas estampillé de la marque du supermarché dans lequel ma mère courrait les promotions bien avant que je fasse fortune en vendant à bon prix des objets manufacturés en Chine et que j’achète au tarif de gros pour m’assurer des revenus plus que confortables. Oui, je sieste sur un matelas Lidl que d’aucuns arborent sur la plage comme un trophée. Mais je n’ai pas cette vulgarité là : mon matelas ne sortira pas de villa.