La tête de l’homme à qui l’on vend une barquette immense de crevettes. Deux kilos. Une affaire. Il n’a pas le sourcil détendu, l’homme qui acquiesce : il pourra pourtant, lui dit-on, congeler ce qu’il ne mangera pas de suite. Et s’il veut autre chose ? Il ne sait pas. Il va réfléchir. Un pas derrière lui, sa femme garde le regard baissée. Lui attrape d’une main le sac bleu du rayon poissonnerie dans lequel est maintenant la grande barquette. Une affaire. S’il aime les crevettes ? C’en est une autre. Mais, à ce prix, – à moitié prix, lui a-t-on dit – il ne va pas se priver. Sa femme décortiquera, et trouvera des recettes. Il a confiance.
L’homme fait trois pas en arrière, sa femme manœuvre pour le suivre. Elle pousse le chariot vide, sauf le sac bleu des crevettes. Ce n’est pas ce qu’ils espéraient. Mais le vendeur a su y faire.