Je me souviens des pique-niques au bord de l’autoroute. Papa garait la Simca au plus près pour qu’on voie passer les voitures, et l’on sortait la table pliante et la glacière. C’était sur la route des vacances. Le premier repas comme ce serait pendant quatre semaines au camping de la plage, dans les fauteuils en toile sortis de la caravane. On n’était pas tout seul sur l’autoroute du soleil, et l’on mangeait des œufs durs et du jambon dans du pain, et maman sortait une salade, mais ce que j’aimais, c’était les chips qui craquaient sous les dents. Je m’en régalais sans pouvoir m’arrêter jusqu’aux miettes au fond du paquet que je faisais glisser directement dans ma bouche, tête renversée en arrière, et l’on riait, ce qu’on riait ! Aujourd’hui, je n’ai plus droit qu’aux légumes.