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301 – Brouillard

Demie brume, quart de brouillard qui s’épaissit puis se troue de soleil diffus alors qu’on n’y voit guère qu’à cinquante mètres devant soi, rideau gris, poix bientôt presque opaque puis poche de lumière. Tu traverses via l’autoroute des nuages au ras du sol, comme un ciel tombé. Et freines. Et piles. Devant toi, la vitesse a chuté. Au risque de la collision et du carambolage. Être arrêté comme au cœur d’une huître géante et vaporeuse posée sur la chaussée.

Sentiment d’avoir lu surtout des brouillards homogènes alors que leur densité ne cesse de varier. Mythe du brouillard à couper au couteau sur des kilomètres. Pas si courant, mais à la teneur dramatique évidente. La silhouette qui sort du brouillard, des lambeaux de brume accrochés à ses haillons.

Brouillard qu’on effiloche du bout des doigts, barbapapa grise et blanche qui fond en flaque d’eau.

L’on s’y perd. On s’y retrouve. On y découvre un village oublié, coupé du monde, dont les derniers habitants n’ont pas vu un étranger depuis des décennies. Impossible d’en sortir : lorsqu’on quitte le bourg, on se perd dans le brouillard pour toujours mieux revenir sur ses pas. Lieu maudit.

Dans le brouillard on devine des ombres. Animaux fantastiques, monstres diffus, cavalcades de gnomes. Échos étouffés de rires sournois. Qui va là ? Les djinns, les troupeaux de licornes à la robe rouanne, les trolls aux poings de pierre. Habitants du brouillard qui disparaissent avec lui.

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