Donnez-moi un kilo de noix et cinquante idées me viennent, ou cent. Je suis comme ça. Des plats, des dizaines de plats, des pâtés, des salades, des viandes en sauce et des petits légumes. J’ouvre la noix, et face aux cerneaux mon imagination s’emballe, c’est un cerveau miniature et je me demande à quoi rêvent les noix, quelles histoires elles inventent, et si je n’étais que le rêve d’une noix : c’est moi qui disparaîtrais lorsqu’elle se réveillera. Pensez. Nous ne sommes que les rêves fous de quelques noix sèches qui bientôt sortiront du sommeil. Forcément, je relativise. Des demi coquilles je fabrique des bateaux. Il suffit d’une pique en bois et d’un triangle de papier pour la voile. Et vogue le navire. Ce sont des traversées, des combats de pirates, des tempêtes. Je regrette ici la gangue dont on tire le brou, et du brou tous les univers à écrire, à dessiner. Donnez moi une noix et je vous invente un monde.