
Je suis déçue, souvent. Les choses ne tiennent pas leurs promesses, ni les gens. Ma déception est à la hauteur de l’espoir dont je suis capable. Comme on apprend, en vieillissant, je suis de moins en moins déçue. J’ai l’espoir plus raisonnable. Enfant, j’espérai le prince charmant, le « et ils eurent beaucoup d’enfant ». Je sais maintenant qu’une grossesse suffit bien, merci, et que le prince charmant n’existe pas, et heureusement. La vie, c’est autre chose. Le menu te fait miroiter un dessert de fête, et tu as dans l’assiette une vague crème au chocolat dans laquelle surnagent quelques bouts de carton humide entourant une vague boule insipide et blanchâtre. On dira que ce sont des profiteroles, et ça passera. Tu parles ! On m’en a déjà vendu des profiteroles, et la glace à la vanille, et le chocolat chaud, et la crème chantilly. C’était autre chose. Du temps où parfois, si on le choisissait bien, un chef tenait ses promesses en cuisine. Mais quoi, une barquette industrielle et posé dessus le mot profiteroles, c’est, dès qu’on la voit dans le catalogue, un pari intenable. On ne m’y prendra pas.