Longtemps j’ai cru que l’expression était « j’ai découvert le poteau rose ». Le poteau. Rose. Pensé que quelque part, au détour d’une rue, caché comme un trésor, il y avait un poteau, peint en rose. Un poteau pas comme les autres dont la découverte marquait dans la ville un espace ouvert au rêve et à la fantaisie. J’imaginais le poteau rose comme l’objectif de doux rêveurs lassés d’une vie terne dans le gris de la ville, des rêveurs et des poètes déambulant de nuit à la recherche de leur poteau. Des hommes et des femmes refusant de se couler dans le moule, ne respectant aucun horaire, sautillant sur les trottoirs comme des enfants auxquels on aurait promis, à l’autre bout de la rue, une glace ou des bonbons. J’aurais voulu être accueillie dans leurs sarabandes nocturnes autour du poteau rose et j’espérais qu’un jour je croiserais leurs défilés secrets. Et puis non, ce poteau rose n’existe pas, me dit-on. Ou il faudrait le peindre soi-même. Le pot aux roses est un pot. Un pot de n’importe quelle couleur. Mais reste un secret : que contient-il, vraiment ?