L’homme a ceci de supérieur au virus qu’il peut se confiner. Le virus, lui, est contraint aux trajets, aux transports, aux changements de domicile. A peine un lieu de repos trouvé, il en cherche un nouveau. Il fait son chemin du moindre crachat. Un postillon lui suffirait. L’homme, lui, reste tranquille, assis, serein, l’œil affaissé. Le temps est son allié, il le sait depuis Hérode, au moins. Il lui reste de l’antiquité l’assurance tranquille des vainqueurs. Le virus est bien trop jeune pour une telle maîtrise. Et c’est en cela que l’homme est fait pour la durée alors que le virus est condamné à l’éphémère. Quelques jours ici, et le voilà déjà là-bas. On l’a vu passer par ici, il n’y repassera pas, et l’homme n’a pas bougé de son canapé à scruter le catalogue des films disponibles en vidéo à la demande à la recherche d’un documentaire sur les pandémies qui ont échoué à annihiler l’humanité. L’homme est sur les réseaux sociaux. Il sait les tenants et les aboutissants. Le virus est incapable de mise en perspective, nul en hypothético-déductif, en un mot, limité. L’homme a tout conquis, et ses pieds reposent sur la table basse. Il a à la main un verre à demi rempli de single malt. Le virus n’y survivrait pas. L’homme est au virus ce que… Il n’en a aucune idée, mais l’homme serait capable de trouver une formule s’il n’avait pas déjà vidé la moitié de la bouteille. Le virus n’a qu’à bien se tenir : l’homme boit son whisky sec.