J’ignorais qu’on pouvait tomber aussi bas. J’ignorais que je tomberais aussi bas. Mais je veux vous faire profiter de mon expérience. Alors qu’Amazon communique sur les succès de sa plateforme d’autopublication, il faut savoir que tous les livres ne rencontrent pas le succès escompté.
J’ai écrit un roman : Eno, la chasse aux rastacs. Pas trop mauvais, si j’en crois les nombreux retours. Ce n’est pas à moi de le dire, mais les critiques sont positives. Il a trouvé un écho chez ses lecteurs. D’aucuns espèrent une suite. Et, ça, c’est vraiment le côté agréable : j’ai trouvé des lecteurs, entre 100 et 150, sans doute. Et j’ai eu des retours.
Mais je n’ai pas fait fortune sur Amazon. Pire, je suis tombé si bas dans les classements de vente que je découvre à quel point le catalogue est profond. La version papier est à la 417 000ème place du classement Amazon au moment où j’écris ces lignes. La version numérique à la 124 060ème place. Ouch.
On pourrait dire que c’est parce que le texte est mauvais. D’aucuns le diront, et ils en ont bien le droit. C’est audible. Mais ce n’est pas le cas, et j’ai la faiblesse de penser qu’il n’est pas assez mauvais pour ne pas mériter un peu plus de lecteurs (partons de ce postulat, parce que sinon, il n’y a rien à redire). J’en veux pour preuve toutes les critiques que vous trouverez là.
Je crois surtout qu’Amazon ne lui a pas permis de trouver son public.
J’ai fait beaucoup de choses pourtant : relations presse (avec des articles, si, si), pages Facebook, compte Twitter, site web dédié, page sur Babelio (alimentée de bien belles critiques), et d’autres choses, ici ou là, sur des blogs, d’autres sites, etc. Il manque encore une page sur le livre sur Wikipedia, mais ce n’est pas à moi de la créer. J’ai été transparent, j’ai raconté précisément comment j’ai lancé mon roman jeunesse sur ce blog.
Bref, tout a été fait, ou pas loin. Le livre est monté dans les 1000 meilleures ventes d’Amazon à son meilleur niveau. Mais c’est tout.
Et ce n’est pas suffisant. Lorsque j’ai interviewé Agnès Martin-Lugand, à la sortie de son premier roman, elle qui a connu le succès sur Amazon avant d’envahir les Maisons de la presse, elle m’avait donné le truc : il faut faire entrer son livre dans le top 100 d’Amazon le plus rapidement possible pour avoir une chance de succès. C’est la première chose à faire. Celle sur laquelle il faut concentrer ses efforts. Et j’ai échoué sur ce point. Cela n’aurait peut-être pas suffit, mais ce n’était pas si difficile.
Il aurait fallu que je demande à des amis, des proches, des connaissances de tous acheter le roman au même moment sur Amazon. 50 ou 60 achats la même journée, peut-être 100, et le tour était joué. A 3 € pièce pour la version numérique, l’investissement était raisonnable. Mais ça n’a pas marché. J’en ai vendu 12 ou 15 les meilleurs jours.
Les amis ont été au rendez-vous, pourtant, et cela m’a touché : grâce à leur implication dans la collecte initiale, Eno a une jolie couverture, un visage, même. Cela me semblait important pour qu’Eno ait une chance sur Amazon. Mais cela a peut-être aussi été une erreur : les 50 qui ont participé à la collecte n’ont pas acheté le roman sur Amazon, c’était le cercle proche, et ce sont eux qui, justement, auraient pu faire monter le roman dans le classement des ventes au moment du lancement. J’ai commis là une vraie erreur stratégique que le roman a payé par la suite.
J’ai peut-être commis une autre erreur : présenter Eno, la chasse aux rastacs comme un roman jeunesse. Et ça, ce sont les lecteurs qui m’en ont fait prendre conscience, les lecteurs adultes : ils ont apprécié. Avec leur regard à eux, leur grille de lecture. En mettant en avant le fait que le roman est écrit pour les plus jeunes, j’ai peut-être détourné de ses pages leurs parents…
Alors quoi faire maintenant ? Le livre mérite une seconde chance. Je vais certainement le retirer d’Amazon, où il n’a plus rien à prouver en l’état. Je me donne quelques semaine avant de le faire. Je le retirerai début novembre : il aura eu une année pour vivre sur la plateforme. C’est donc votre dernière chance de vous procurer ce qui sera peut-être un jour une version collector. Et je vais lui chercher un éditeur. Il a pour lui d’avoir déjà séduit des lecteurs, d’avoir en quelque sorte fait « un tour de chauffe ». Cela prendra peut-être un peu de temps, mais le texte est bon. Je l’aime, et j’y tiens. Et, quoi qu’il arrive, il aura eu sa chance.
Ah, et pour les Rouennais qui ne voudraient pas d’Amazon, il y en a toujours quelques exemplaires à la librairie Le Rêve de l’escalier, rue Cauchoise. Il faut demander le sien poliment.