Il était gentil, Charles, mais bon, les soirées pyjama, je me suis vite lassée. Ma mère m’avait prévenue : ne te case pas trop vite, tu as tout le temps de t’ennuyer, profite de la vie. Alors, je suis partie. Comme ça, sans prévenir. Ça ronronnait, vraiment. J’ai envie de dentelles et de nuits débridées : le coton, j’ai bien le temps de m’y mettre. Il faut profiter de la vie, voyager, voir du monde. Faire vrombir le moteur, quoi. J’ai tout essayé, mais Charles restait au point mort. Alors j’ai jeté le pyjama rose. Rose pour moi, bleu pour lui, forcément. Je l’ai jeté, et j’ai mis les voiles. Fini de ramer à contre-courant : je prends la vie comme elle vient. On verra bien ce qui se passe. Je ne sais pas où je vais, mais j’y vais. La vie est trop courte pour la passer sur un canapé. Il faut que ça bouge. Et tant pis si je laisse Charles sur place. Il n’avait qu’à suivre. Bye, l’amorphe.
Gwénola, pure et valeureuse , mais frileuse comme une bretonne d’Armorique. Quand j’ai commencé à la fréquenter, j’ai vite compris qu’elle savait ce qu’elle voulait. Pas question de la mener par le bout du nez! Ce n’est pas pour me déplaire, non. Mais quand elle nous a acheté un lot de deux pyjamas ressemblant à des tenues de sport, j’ai déchanté. Moi qui aime dormir nu, je ne me voyais pas ainsi emmitouflé. Elle, encore moins à vrai dire. Quand je lui ai demandé si elle voulait partir au pôle nord, elle l’a mal pris. Depuis il y a comme un froid dans nos relations.