Tout doit disparaître. Il suffirait de mettre au point un diluant universel et hop, du tout je ferais un grand plus rien. Remise à plat. Un diluant universel pour les paysages, pour les forêts, pour les animaux, et pour les hommes qui se battent à travers le monde, et pour ceux qui ne se battent plus, et pour les femmes abandonnées, et les enfants. Un diluant pour le ciel et la terre, et les étoiles, et le soleil et rien ne resterait. Tout doit disparaître. Un coup de pinceau, un grand coup de propre. Il ne resterait qu’une petite flaque. Une flaque qu’on n’aurait plus qu’à diluer aussi et il ne resterait rien. Pour de bon. Un grand rien ou un petit rien : un rien n’a pas de taille. Un rien que rien ne pourrait faire disparaître. On ne pourrait pas aller plus loin dans la dilution du monde. Alors, il serait temps de se demander par quoi le remplacer, le monde. Par quoi de beau et de réussi, par quoi d’harmonieux et de sensé. On aurait le temps pour ça.
Ce diluant universel pourrait-il aussi diluer mes angoisses, mes peurs, mes regrets et ma léthargie? Je n’ai plus d’envies ni de projets. La pandémie et les bruits de guerre ont cassé le ressort de ma volonté et de mon désir. A quoi ai-je servi, de quoi suis-je capable? J’ai lu que l’estime de soi est le préalable à un développement harmonieux. Mais je me méprise. Comment m’en sortir? Le boire ce diluant alors. En finir.