Dans la vie, vient toujours ce moment où il faudrait noter sur la liste des courses le besoin impérieux d’un bloc où écrire ce que l’on doit acheter, mais, justement, on n’a pas ce bloc. Impossible de rédiger la liste. Sans la liste, impossible d’acheter le bloc, car comment y penser ? Et sans le bloc… L’absurdité de la situation ne change rien à la situation. On est pris dans une boucle : liste, bloc, bloc, liste, liste, bloc, et c’est comme l’image d’une vidéo qui se bloque et tremble, soumis à un bug d’affichage. Le monde s’arrête, figé, gelé, confronté à l’impossibilité de se sortir d’une situation paradoxale. Moralité, toujours penser à noter sur la dernière feuille du bloc la nécessité d’acheter un nouveau bloc, et dès l’achat du bloc, si possible. Afin de ne pas se retrouver coincé, le stylo à la main, un jour trop tard, car c’est ainsi qu’on finira par planter le monde une bonne fois pour toutes.
Épidémie, guerre en Ukrain, réchauffement climatique, nous devons faire des économies, Marie. Je vais baisser le chauffage. Ah non Benjamin, pour que nous soyons malades! Tu n’y penses pas. Regarde je vais acheter ce bloc-notes à 1,99 euros au lieu de ces post-it multicolores à 25 euros. C’est déjà un bon début, non?