Du gras, du sucre. L’onctuosité et le craquant. La finesse et la lourdeur. Une forme, disons-le, d’accomplissement et ce qui s’approche le plus, à la fin du repas, d’une bouchée de paradis. Pistaches, noisettes, amandes ou noix ? C’est selon. Selon la tradition, l’histoire, les coutumes ancestrales, et la région de l’ancien empire ottoman d’où l’on vient. Dans tous les cas, c’est l’histoire du monde qui vous fond dans la bouche et la nature éternelle qui dégouline sur votre menton dans le filet de miel qui s’échappe du feuilletage. Au coucher du soleil, c’est encore un peu de la chaleur du jour qui perdure lorsque l’on rompt le jeûne. J’ai appris de ma mère, et ma mère de ma mère, et elle-même de sa mère, la confection des baklawas. Mais soyons franches : on n’a pas toujours le temps pour ça, et une barquette en polystyrène fait bien l’affaire. On l’ouvrira demain soir.
Quelle blague inventer cette année pour le premier avril ? Valeria adore que je la surprenne. Le temps passe et je n’ai pas d’idée. Glisser une sardine dans un baklawa, pourquoi pas? Une sardine en chocolat peut-être ou une vraie, pourquoi pas? Et bien, Valeria qui apprécie beaucoup les baklawas d’habitude, n’a pas du tout aimé tomber sur une sardine à l’huile au milieu du miel et des pistaches. Toujours aussi débile Maurice! gâcher un si bon gâteau, c’est un crime. L’année prochaine, je devrai trouver une meilleur idée.