L’intelligence du cœur, c’est ça, la famille. En son sein, tout est pardonné, d’avance, tout est compréhension, accueil, soutien. L’amour inconditionnel. Rien que le dire, c’est trop : on n’a pas besoin de le dire, on sait qu’il en est ainsi et pour toujours. Ailleurs ça se déchire, ailleurs, ça s’en veut pour la vie, ailleurs, ça crie et ça s’excommunie, et ça ne se voit plus. Pas de quoi s’en vanter, hein, mais le choix d’une certaine simplicité, c’est bien, aussi. C’est reposant. On se retrouve tous, verre de vin à la main autour d’un bon repas. Et ce sont quelques unes des meilleures heures de la vie. On serre chacun contre soi lorsqu’on se quitte, et l’on sait qu’on ne se quitte pas vraiment. L’union sacrée ? Quelque chose comme ça. Et vous me dites que je rêve un peu, que ça n’a qu’un temps, que je ne veux voir que ce que je veux bien ? Mais, pourquoi m’en priver ?
Robert aime cuisiner la poitrine de porc. Je me souviens de mon charcutier dans les années 1975. Quand il servait son client, il prenait son lourd couteau pour trancher la pièce de lard en s’exclamant : oh la belle couche de gras, c’est un bon cochon. Aujourd’hui le gras est caché, enlevé, proscrit. Le moelleux du travers de porc disparaît. C’est une poitrine sans cœur.