Repasser sa chemise, pas son oral. La vie est faite de choix. L’importance de bien présenter pour ne pas avoir à se représenter. Le cheveu court, peigné, le sourire avantageux. Bien sûr tout cela devrait moins compter que ce qu’on a dans la tête mais pour les autres on n’est que ce qu’ils voient, à peine ce qu’ils entendent. et le jury se fait une première impression comme n’importe qui au premier coup d’oeil. Le pli du pantalon, l’ondulé de la mèche, la franchise du regard. Le sourire travaillé à la vapeur, ni narquois ni tremblant : confiant et avenant. La capacité à articuler. Distinctement. Et à enchaîner les idées. Assis, confortable, décontracté mais concentré. A l’aise. Conscient des enjeux, mais manifestement capable de dépasser la gravité du moment pour se donner tout entier à son propos, à l’échange. Passer un concours. Mieux : être admis.
Comment fêter le travail ? J’ai du repassage qui attend : 2 chemises, un pantalon et un mouchoir. Le mouchoir n’est plus beaucoup utilisé mais quel plaisir de déplier un mouchoir bien repassé avant de lancer sa trompette libératrice. Les pantalons sont aujourd’hui étroits et tirebouchonnes. J’aime au contraire le plis bien formé qui court sur la jambe. Cela vaut la peine de la contrainte du repassage. Pour les chemises le geste est complexe. Le dos comporte souvent une forme à reconstituer. Elle donne de l’aisance mais elle demande beaucoup d’attention. C’est décidé, je n’irai pas défiler, je vais repasser.