Craque une allumette, craque. Quelques minutes pour le foyer irisé de braises. Quelques minutes pour la chaleur idéale de cuisson. Quelques minutes pour le rougeoiement des charbons. Plus qu’à poser la viande sur la grille, plus qu’à retourner les côtelettes, les boudins, les merguez et les infinies variétés de brochettes. Posés dans l’âtre, les gigots, les rôtis, les travers. Ça crépite, et le gras fond, et les flammes lèchent le cul des coquelets. Autour du barbecue, les hommes rient, parlent fort et lampent de généreuses gorgées de rosé en souvenir des cro-magnons qui ont les premiers posés les bases d’une tradition qui laisse la femme à distance. Mais lorsque l’homme moderne s’enorgueillit de la cuisse de poulet carbonisée, de la chipolata desséchée, il oublie un peu vite qu’il n’a tué aucun animal au péril de sa vie, ni frotté le moindre silex pour allumer le feu.