Louer une villa avec piscine, palmiers, vue sur la mer, et s’allonger sur le matelas pneumatique, un pied négligemment plongé dans une eau tiède et rafraîchissante, bercée par le chant des cigales et, au loin, le sifflement d’un oiseau que je ne sais pas reconnaître. Mon bonheur est absolument parfait, d’autant que je reste fidèle à mes origines modestes puisque j’ai pu me procurer le très rare et très recherché modèle de matelas estampillé de la marque du supermarché dans lequel ma mère courrait les promotions bien avant que je fasse fortune en vendant à bon prix des objets manufacturés en Chine et que j’achète au tarif de gros pour m’assurer des revenus plus que confortables. Oui, je sieste sur un matelas Lidl que d’aucuns arborent sur la plage comme un trophée. Mais je n’ai pas cette vulgarité là : mon matelas ne sortira pas de villa.
Nous connaissons les caractères de Marthe et Marie dans les Evangiles. Marthe est de la catégorie super active, elle ne s’assied pas comme Marie pour écouter Jésus. Que va-t-elle faire d’un matelas gonflable ? Pas de piscine en vue chez Marthe. De toute façon, avec la sécheresse, les piscines vont rester vide pour respecter les arrêtés limitant l’usage de l’eau. Au temps de Marthe et Marie l’hospitalité était une valeur importante. Le matelas pourra accueillir le passant qui cherche un abri. Marthe pourra l’accueillir confortablement et discerner tranquillement si cet inconnu est ou non un messager de Dieu.