Le métier de cueilleur de fleur de grasse n’est pas de tout repos. La grasse a des boutons, et souvent, elle en reste là. La floraison est rare, éphémère, et parfois redoutée. Tout semble mis en œuvre pour l’empêcher. Je guette. Je me fonds dans le paysage, mais je suis prêt à bondir à la moindre occasion, je surveille le bouton sur le point d’éclore. Ma patience est récompensée : les laboratoires pharmaceutique, les officines et les fabriquants de produits cosmétiques en tout genre achètent à prix d’or les fleurs de grasse et les revendent dilués au point qu’il n’en reste que les senteurs, dans des produits qu’ils assurent certifiés. La fleur de grasse bio est la plus recherchée. Elle est aussi la plus difficile à trouver. Il convient que la grasse elle-même respecte une alimentation issue de l’agriculture biologique. Elle a par conséquent moins de boutons, et produit moins de fleurs. La fleur de grasse bio est un trésor, un graal, et si j’en cueillais une par an, je vivrais comme un pacha, un maharadja, un roi.
Roland fier guerrier dans les Pyrénées utilisait-il un déodorant ? Curieusement le déodorant devrait supprimer les odeurs et il évoque les fleurs, il évoque leur odeur. Y a-t-il une odeur bio différente ? Cela me paraît difficile à discerner. Par contre l’odeur de Roland, mêlant la sueur bio et le manque d’hygiène, était certainement reconnaissable et faisait fuir ses ennemis.