J’allais à la boulangerie, et je demandais pour, quoi ? Un franc de bonbons, et la boulangère proposait, dans un sachet, les bonbons un par un, que je choisissais avec soin. Un franc, c’était bien, c’était la possibilité de remplir un petit sachet et un choix. J’évitais soigneusement les colliers de perles en sucre et jetais mon dévolu sur les réglisses en rouleau, ou le bâton qui durait plus longtemps, mais c’était sale, à force de mordiller le bois filandreux et de baver. Et puis les boules de gomme comme un mystère : l’aliment qu’on finissait par recracher quand on en avait tiré tout le sucre et tout le goût. L’aliment qui ne nourrissait pas. J’ignorais la simplicité de la fabrication et que de la gomme il y avait bien, là dedans. De la gomme arabique, du sucre, du sirop, rien d’autre au bon temps d’avant les additifs, les colorants, les exhausteurs de goûts en tout genre. Le bâton de réglisse, la sucette, la boule de gomme. C’étaient les bonbons pour un franc d’avant la chimie.