Il y a ces odeurs que je laisse derrière moi et qui me poursuivent. Je pue. Je rote. Je pète. C’est la nature humaine et mes pieds sentent le fromage oublié trop près du radiateur. Je transpire et mes aisselles schlinguent à la mi-journée. Mon haleine est fétide. C’est à faire fuir les mouches. Alors je pulvérise, et je parfume. C’est un combat quotidien à base de bougies à la cannelle, d’encens aromatisé, d’huiles essentielles et de concoctions diverses. Dans les pièces que je traverse, je diffuse du jasmin ou de la senteur pin et, dans les toilettes où le pire se révèle inévitable, je teste les produits les plus sophistiqués qui promettent à toute heure du jour la fraîcheur d’une rosée du matin. C’est peine perdue, je le sais bien, et je tremble que quiconque s’engouffre juste après moi dans les vestibules. Laissez au moins une chance à l’aération de faire son œuvre. Laissez quelques minutes de répit à ce qui me reste de dignité.