Le cadenas, pour toujours, c’est celui oxydé qui tient la chaîne de la porte en fer au milieu de la haie dont je suis seul à avoir la clef et seul à savoir que derrière les buissons qui masquent presque le passage, il y a la cabane rafistolée où j’espère un jour te retrouver. J’ai tout organisé pour que ce soit parfait quand tu accepteras le rendez-vous. Je t’attendrai, le portillon sera entrouvert et tu n’auras qu’à pousser. J’entendrai grincer légèrement et j’allumerai la lanterne pour que tu saches te diriger. Je serai dans la cabane, assis sur le vieux matelas, et j’aurai posé deux verres et une bouteille sur le large rondin qui sert de table basse. Je t’inviterai à t’asseoir, et je te raconterai les histoires qu’on raconte dans les cabanes cachées, les légendes des baraques inaccessibles, les contes des abris reculés au profond des forêts. Et tu sauras les secrets qu’on ne dit qu’à celles qu’on aime.