Je serai écrivaine, autrice, romancière. Et pour y arriver, je mange des kiwis. Cela peut vous surprendre, mais c’est excellent pour la santé pourvu qu’on grignote aussi la peau, bien lavée, si riche en nutriments. Entre deux dégustations, il convient de s’entraîner sur son clavier. Je tape le plus vite possible ces phrases : « Zéphyr, mon kiwi beige, est jaloux du coq vif. Portez ce vieux whisky au juge blond qui fume. » Et je recommence. Et je recommence. Chacune contient toutes les lettres de l’alphabet et à les enchaîner, je gagne en vitesse et en dextérité. Taper, c’est écrire. Un jour, à force de kiwis, mes doigts prendront leur envol, et le texte sur l’écran n’aura plus rien à voir. Ils iront d’une lettre à l’autre, dans la fluidité d’un mouvement totalement maîtrisé, et puis d’un mot à l’autre, et, de phrase en phrase, le miracle de la littérature se produira. C’est question d’entraînement et d’hygiène de vie.