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42 – Chute

Il s’agit d’une chute. D’un sentiment de chute. D’une chute de cauchemar dont chaque instant pire que le précédent ajoute à la vitesse, à la désorientation, au vertige : les mains qui tentaient de s’agripper aux parois, au tout début, glissent maintenant sur une matière visqueuse, sans prise aucune, et bientôt le trou s’élargit, et plus rien de palpable, juste l’ombre épaisse où percent de grands yeux jaunes, menaçants, et des ricanements. On sent dans son dos couvert de sueur des ongles sortis de nulle part griffer nos omoplates. C’est une chute et rien ne sert d’agiter les bras, rien ne sert de regarder vers le bas. Une chute et la vitesse et le haut le cœur permanent. Le hurlement qu’on pousse est sans effet. On se tait. L’air fouette les tempes. La nuit totale épaissit le vide de sa moiteur de jungle. On tombe vers son cercueil ouvert, qu’on ne voit pas, mais dont on pressent déjà la force d’attraction fatale. On a cent ans, on a mille ans, les chairs flasques et les os ramollis. On s’écrasera bientôt et le couvercle se refermera dans un claquement précis de mécanique d’horlogerie. On ne tombera, enfin, pas plus bas.

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