Jusqu’à il n’y a pas si longtemps, tout allait bien. Je furetais, je m’arretais ça et là, je suivais des liens, je fouinais, je me plongeais de temps à autre dans une page, dans un article. Je papillonais en diagonale sur un texte, en Z sur un paragraphe, mot à mot sur une phrase, trois fois en rond sur une pépite. Je suivais un chemin plus ou moins chaotique, je roulais ma bosse, j’emmaganisais des références et des citations, des adresses et du contenu.
J’étais bien.
Je lisais un titre et deux paragraphes, je sautais à la page suivante et je bifurquais. Je creusais et suivais des chemins balisés. Je fermais des fenêtres et j’ouvrais des perspectives.
Je thésaurisais et j’oubliais instantanément l’inutile. Un mot appelait à lui seul une nouvelle requête, une requête des résultats, les résultats des possibilités.
J’étais, en un mot, dans le texte.
Et me voilà prostré devant mon écran comme devant la télévision. Les oreilles sous perfusion de son. Le flot est continu, se déverse, je subis. Je cherche la télécommande. J’attends la fin de l’émission pour passer à autre chose.
Et je regrette… Mais, franchement, le texte, c’est tout de même plus riche, plus vivant. C’est une matière à prendre à bras le corps.
Et j’ai un peu peur… Avec ces débits qui ne cessent de s’améliorer, est-ce que nous serons encore quelques uns dans dix ans, dans vingt ans, à lire et à écrire. Ou faudra-t-il tout filmer et regarder d’un bout à l’autre ?
L’autre Xavier avait fait un billet rigolo « arrêtez de nous podcaster les pieds » ;o) un peu sur le même thème ;o)