Site icon Sébastien Bailly

Rubriques à blogs

Qui a tenu un blog sait que la gestion des rubriques devient vite un vrai casse-tête. Soit on les multiplie, et l’on s’y perd, soit on les limite, et l’on ne sait plus quoi faire de ce qu’on écrit lorsque cela sort un peu de la ligne.
Pourtant, au moment de la conception initiale du blog, la question est d’importance. Pour peu que l’on soit dans une démarche un rien professionnelle, on déterminera, en amont, un certain nombre de rubriques, et l’on fera rentrer ce qu’on écrit dedans, coûte que coûte. Cela peut paraître un rien contraignant, mais de cette contrainte nait pour le lecteur une facilité de navigation qui, à l’usage, est un vrai plus.
On se doit donc, au moment de la conception du blog, de déterminer précisément de quoi l’on va parler, où et comment, ce qui permet de rédiger facilement ensuite une bonne partie de la charte éditoriale.
Sur la plupart des blogs, ceux de Typepad, en particulier, on a la faculté de créer autant de rubriques que l’on veut, puis, au besoin, de classer un billet dans une, ou plusieurs, rubriques. De ces fonctionnalités nait l’usage : rubriques thématiques, souvent très nombreuses, et classement un peu erratique. Si j’en juge par mon propre usage et ce que je peux voir ici ou là. Difficile, pour le lecteur, de se repérer. Souvent parce que l’auteur n’a pas, au préalable, définit le champs précis de ses interventions.
LlmCette réflexion préalable, de conception éditoriale, est le plus souvent inexistante sur des sites qui, du coup, semble briller par leur amateurisme. C’est le cas, même, d’un des plus consulté des blogs en France, celui de Loic Lemeur, qui, avec 65 catégories où classer les billets de son auteur offre un menu des plus déconcertants. Pour qui suit le blog au jour le jour, ce n’est pas vraiment un problème, mais pour qui voudrait se servir des catégories pour découvrir ce blog, c’est peut-être un peu trop.
Avoir 65 catégories, ou ne pas en avoir du tout, comme La Feuille, par exemple, cela ne change pas grand chose à l’usage : si l’on cherche une information, ou les billets sur un sujet, on aura de toute faon intérêt à passer par le moteur de recherche interne du blog.
La qualité des intervenants d’un blog, et de son contenu, ne change rien à l’affaire. Qu’on prenne l’estimé MacDigit en exemple. On trouve là des sous-catégories. Ce sont des catégories dont les notes se trouvent toutes également classées, simultanément dans une autre catégorie. La sous-catégorie "Wifi" ne comprend ainsi qu’une seule note, de décembre 2004, également classée dans la catégorie Connexions. A quoi peut donc servir cette catégorie Wifi ? Qu’apporte-t-elle au lecteur ? N’aurait-on pu s’en passer ?
En permettant aux auteurs de créer autant de catégories que de billets, on prend ce risque que, finalement, les catégories ne veulent plus dire grand chose.
En guise de contre exemple, c’est-à-dire d’un blog où les catégories ont été pensées en amont, regardons Millefeuilles, un excellent blog consacré aux livres. Six rubriques seulement, aux titres peu explicites, certes, mais c’est un choix : Pain perdu, Nid d’abeille, Pièce montée, Sortie du four, Saint-Honoré et Diplomate. Il faut cliquer sur le nom de chaque rubrique pour comprendre de quoi il est question. Pain perdu est, ainsi, la rubrique où l’on trouve ce qui n’est "plus vraiment tout chaud, mais on aime quand même…", par opposition à la rubrique "Sortie du four" : "plus c’est chaud, plus l’on aime". Pas forcément explicite au premier abord, mais on prend vite ses marques. Six rubriques, mais l’on s’apercevra à l’usage que c’est insuffisant : le blog offre heureusement un deuxième système de classement, plus explicite, par "tags" : auteur, correspondance, BD, polar, illustration, etc. En cliquant sur ces mots, on liste les billets de manière thématique. Un double système qui permet de retrouver assez simplement ce que l’on cherche. Tout cela semble bel et bien avoir été pensé en amont.
La facilité d’usage des blogs ne doit pas faire perdre de vue que le système de classement doit être là pour simplifier la vie du lecteur (et définir, pour une part, la personnalité du blog), sans quoi il ne sert à rien.
Il faut quelques minutes pour créer un blog, certes. Mais prendre quelques heures pour réfléchir à ces questions de rubriquage, puis s’y tenir, ne peut pas nuire à la réussite de l’opération.

Quitter la version mobile