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Trois ans après : les redflags

La dépression, j’en ai parlé ici. Un peu moins des causes. Et pourtant, ce qui va provoquer la descente commence bien avant la première crise de panique et les antidépresseur. En ce qui me concerne, très clairement pour moi aujourd’hui, la dépression est liée aux conditions de travail et à mon engagement dans un projet. Il m’a fallu quelques semaines pour le comprendre, un peu plus pour remonter le fil et voir l’enchaînement des événements. Il y a trois ans, c’était le moment où tout pouvait sembler possible. Je n’ai pas vu que je laissais s’ouvrir les trappes dans lesquelles je me prendrais les pieds.

Le contexte : j’avais un poste. Tout se passait bien. J’avais du temps pour écrire, et la possibilité d’animer des ateliers d’écritures, de publier une newsletter mensuelle… Je conciliais un métier alimentaire mais agréable avec du temps pour ce qui m’intéressais. J’avais fini d’écrire un premier roman qui me semblait bon. J’étais assez bien dans ce que je faisais.

La proposition : c’est flatteur, une proposition. On vient vous chercher pour un truc un peu compliqué, mais que vous savez dans vos cordes. La personne qui vient vous chercher est une amie. Et c’est le premier redflag : il ne va pas y avoir d’entretien d’embauche. Ce qui est flatteur aussi, mais voilà, il semble que c’est moi qu’on veut. Ma première réaction à la proposition a été : « tu fais chier » (citation littérale), parce que je me faisais assez bien à mon petit confort (oui, les RTT, les semaines de congés, les horaires, le télétravail, tout ça avait du bon). Bref, je dis oui. Parce que c’était elle, parce que c’était moi. Je ne discute pas grand chose, j’accepte même une baisse de revenu et de perdre l’équivalent de 4 semaines de congés par an pour un CDD d’un an… Mais bon, le projet est enthousiasmant. C’est une erreur, une énorme erreur : ne rien sacrifier sans contrepartie signée. Et l’absence d’entretien, même si c’est une amie, un tel signe d’amateurisme doit alerter, évidemment. Evidemment…

Le premier redflag à l’arrivée : c’est après mon arrivée que j’apprends que la personne avec laquelle je devais travailler quitte le projet trois semaines plus tard. Elle a été poussée dehors. Je savais qu’on aurait fait une paire intéressante, ses qualités compensaient mes défauts. On n’avait pas jugé utile de m’en informer avant mon arrivée. Trois semaines après, je serais seul, et il faudrait lancer une procédure d’embauche. Et faire face au travail de deux personnes le temps qu’un remplacement soit mis en place. C’est un énorme drapeau rouge : on ne m’a pas prévenu de ce départ, et la personne est poussée dehors alors que je la juge compétente.

J’aurais dû réagir à ce moment-là ? J’aurais dû demander un entretien ? J’aurais dû poser des questions ? Sas doute, si je veux absolument prendre ma part de responsabilité dans ce qui s’est passé ensuite. Dans la débandade de l’équipe (qui serait dans un état terrible moins d’un an plus tard). Je ne l’ai pas fait. Je m’en veux. Comme je m’en veux de n’avoir pas réagi à quelques autres occasions ensuite, jusqu’à ce qu’il soit trop tard.

C’était il y a trois ans.

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