Je n’ai pas l’âge de jouer avec Snapchat. Les statistiques le disent, en tout cas, c’est le réseau social de gens qui ont moins de la moitié de mon âge. Celui de mes enfants. Je suis trop vieux. Trop vieux pour comprendre, dit-on, trop vieux pour m’y amuser.
Et pourtant. Je retrouve sur Snapchat le plaisir des réseaux sociaux au tout début des réseaux sociaux. L’absence de conséquence de ce que je publie, liée à l’absence d’audience, avouons-le. Il n’y a pas grand monde pour regarder mes Stories. Ces snaps qui restent en ligne 24 heures avant de disparaître dans les limbes numériques.
Et que publie-je, donc ? Des choses un peu plus personnelles que sur Twitter ou Facebook. Il faut dire que sur ces réseaux là, à part partager ma veille professionnelle, je ne fais plus grand chose. C’est tout juste si j’y donne des nouvelles de mes bouquins et de mes travaux d’écriture. Sur Snapchat, on aura vu des merguez sur mon barbecue, des extraits de mes lectures, des images de mes trajets, des photos de mes photos, des statistiques de mon compte Twitter, des bricoles qui me passent sous les yeux, des petits bouts de mes reportages. C’est plus intime sans être privé. Plus vivant. Un peu plus moi, peut-être.
Il n’y a pas de pression. Je retrouve une liberté qui me permet une narration tranquille de mes journées.
L’éphémère rend la chose aisée, légère. Et si cela n’intéresse personne, je n’y vois aucun caractère de gravité.
Juste des instants, des griffonnages.
(Histoire de vous appâter un peu, au moment où j’écris ces lignes, il y a même une Miss Normandie dans mon Snapchat, mais ça ne durera pas… forcément)