Les choses ne sont pas toujours ce qu’on croit, ni les gens ce qu’ils disent. Le petit Jésus de six cents grammes, tout emmailloté, tout véritable qu’il soit, n’est pas destiné à la crèche. Il finira sur une planche, en tranches, et si l’on fête Noël, c’est à l’apéritif qu’on le partagera ; et sans dire « ceci est ma chair ». Ce serait blasphème alors qu’on a gardé pour le Jésus de Lyon les morceaux les plus nobles du porc. Pas d’impiété ici, plutôt un hommage, et reconnu comme tel. Le meilleur de la charcuterie pour le moment fort de l’année. Le Jésus de Lyon finira par disparaître, goulument avalé, arrosé de quelques verres de vin. J’en ai toujours un à partager pour les fêtes de fin d’année. Et seuls les connaisseurs notent l’ironie de la chose.