Il fallait tenter ma chance, essayer, risquer le coup ; mieux vaut ça que des regrets, et puis qu’avais-je à perdre ? Au pire, tout à gagner, au pire emporter le morceau, au pire décrocher la timbale. J’ai fait le premier pas, tendu la main, provoqué l’occasion. J’ai fendu l’armure et misé le tout pour le tout. Oui, je me suis exposée et j’ai avancé à découvert. C’était hasardeux, un peu incertain, voire carrément inconscient. Téméraire ? Hardi ? Périlleux ? S’il fallait écouter les défaitistes, les pessimistes, les ténébreux inconsolables, est-ce qu’on trouverait l’énergie du moindre mouvement ? J’ai éludé les questions, balayé les contrarguments, réfuté les raisonnements les mieux ficelés et me suis jetée à l’eau. Bille en tête. J’ai sauté dans le vide avec la confiance et la sérénité de l’inconséquent béat. J’ai baissé la garde, ouvert mon cœur, rendu les armes. Je n’aurais pas dû. J’ai pris une veste.
Comme je voudrais que ma fille s’habille comme moi, bon chic, bon genre! Elle se fagotte comme un épouvantail à mon plus grand désespoir. La dernière robe que je lui ai achetée est restée en boule au fond de son placard. Quand elle est revenue triomphante avec une médiocre veste en jean trop grande pour elle, je n’ai pu que me fâcher. Une nouvelle dispute a éclaté. Nous ne les comptons plus ces querelles qui deviennent notre mode de communication. Comment font les autres mères?