Le rituel du matin semble immuable et c’est presser une orange et demi, réserver la seconde moitié pour le lendemain, et boire un verre idéalement rempli de la quantité idéale. Le jus comme un coup de fouet, et bien meilleur que tout ce qu’on trouve en bouteille. Je presse à la main, j’extrais de force, écrasant la pulpe d’une torsion ferme et précise, toujours, et je sais, à l’oreille, que le jus goutte dans le récipient prévu à cet effet. Jamais je ne cèderai aux sirènes des appareils électriques, pas tant que j’aurai la force dans les bras de venir à bout des fruits. Presser à la main fait partie du rituel, des points de passages sécurisant de la nuit à la journée. Qu’on me prive de l’orange à presser et je sais d’avance les contrariétés qui s’accumuleront jusqu’au soir et je sens venir la catastrophe imprévisible qui remettra en cause l’équilibre de ma vie.
Le jus d’orange serait un réservoir de vitamine. Le mois de décembre commence, les nuits sont longues et le brouillard cache le soleil pendant la journée. Mois difficile pour entretenir un bon morale. Florence a raison de commencer la journée par une orange juteuse et ensoleillée. Les mains dégoulinent de jus, les lèvres ne contrôlent plus l’abondance de liquide coloré, mais le plaisir quotidien est là. La saison des agrumes n’est pas si mauvaise, courage Florence, l’hiver est là, mais la lumière va revenir un jour. C’est un des sens de Noël.