Je glisserai mon manuscrit dans une enveloppe, et je l’enverrai. Par la poste. Comme des milliers d’auteurs qui espèrent un coup d’oeil à leur texte et le coup de coeur d’un éditeur qui dira que oui, il y a quelque chose qui mérite sa chance et qu’on va le donner à lire ce texte et que ça fera un livre. Et je deviendrai écrivain. Le gars qui écrivait deviendra écrivain. Pour un changement, ce sera un changement. Une métamorphose. La chenille qui devient papillon. Ou l’homme transformé en cafard, devenu incapable d’écrire encore, enfermé pour toujours dans sa chambre à ressasser. Je glisserai mon manuscrit dans l’enveloppe, et tout pourra arriver. Le meilleur comme le pire et ça ne dépendra plus de moi mais complètement de la rencontre du texte avec sa première lectrice, son premier lecteur. Pour ma part, j’aurai donné le meilleur que je pouvais.