Il n’y a pas d’âge pour rester jeune. Enfin, c’est ce que je croyais. Je prends 35 ans cette année. Le moment où les questions commencent à se poser : c’est mathématique, du jour au lendemain, je passe aux soins intensifs. Anti-âge. Anti-âge. Parce que c’est une maladie, l’âge : c’est écrit sur les emballages. Une maladie qu’on soigne, et qu’il faut soigner tôt. En mode préventif, si tu veux avoir une chance de garder une chance. Et puis, je comprends le principe : mieux vaut réduire les rides avant qu’elles apparaissent vraiment. En tout cas, il semble logique que les produits aient l’effet optimal avant que la vieillesse s’installe. À 45 ans, trop tard. Il n’y a plus rien à faire : si on n’a pas pris soin de soi, c’est pomme ridée et cernes inamovibles. Joues cireuses et pattes d’oie. Bienvenue en enfer. Pas de ça pour moi. Je veux mon teint de pêche et ma douceur naturelle. Être exigeante est la moindre des choses.
Le temps des masques pourrait s’achever. Le visage caché jusque sous les yeux va réapparaître. Le regard va perdre son monopole pour partager nos sentiments. Le sourire et la moue vont à nouveau ponctuer nos conversations. Catastrophe, les cernes vont devenir visibles. Léa a raison de s’en inquiéter.
Dans les affaires de Léa, 31 ans, je découvre un tube de soin anti-age. Elle vit encore chez nous, mais a déjà peur de vieillir. Moi, j’ai conscience que la mort est inéluctable, que dès la naissance, je suis programmée pour me détériorer à petit feu et disparaître. Celles qui dépensent des fortunes pour maintenir leur aspect juvénile me font pitié. Le plus souvent le résultat est consternant. Les égyptiens et leurs sarcophages, les milliardaires américains et les recherches qu’ils financent pour prolonger la durée de leur vie sont des tentatives désespérées pour nier la seule évidence de notre destin, il a une fin. Alors Léa ma fille accepte toi telle que tu es. Et finis par prendre ton essor dans la vie.