Il ne faudrait plus me dit-on
De poèmes larmoyants
Les poèmes pourtant font ce qu’ils peuvent
Avec la part meurtrie
Broyée
De ce qui reste en vie
Il ne faudrait plus me dit-on
De textes complaisants
Comme si j’avais le choix
Ce sont des poèmes naïfs
Rien d’autre
Il suivent le bord arraché des blessures
Les crevasses creusées par le sang
L’assèchement continu des glandes lacrymales
Le tremblement des nuits
Puisqu’il n’est pas de jour sans souffrance
Vivre avec
Et si n’en sortent plus que quelques poèmes
C’est un moindre mal
Tu oses parler de poésie ?
Me dit-on encore
Quoi d’autre que des mots simples
Sans rimes sans rythme régulier
Dont la seule rigueur est de n’en pas avoir
Ce qui déjà en est une
Au point que parfois s’imposent des contraintes pour qu’il ne soit pas dit que l’absence de contrainte en serait une comme les autres
Il faudrait arrêter ?
Mais demandez donc à la douleur de disparaître
Quand le bourreau a choisi de ne jamais réparer le mal qu’il a fait
Alors il y aura encore
Tant que l’émotion sera là
Des poèmes larmoyants
Et naïfs
Puisqu’il est des choses dont on sait qu’on ne se relève pas