Une fois l’an, et guère plus, on choisit une volaille hors norme, une oie, une dinde, un chapon, c’est selon le nombre de convives et l’on cuit longtemps au four la bête farcie, et qu’on arrose régulièrement pour que la chair ne dessèche pas. On ferait une chanson du chapon, chapi, chapo, petit chapon rouge. Mais c’est quoi un chapon ?, demandera le petit neveu à qui il faut expliquer la castration et le bœuf et le taureau et les chanteurs à la voix d’ange. On raconterait l’histoire du loup et du coq castré, et le loup fier et libre et pris de pitié, qui laisserait partir l’animal au destin tout tracé de rôti de réveillon. Et l’on se demanderait ce qui reste du coq fier à faire se lever le soleil dans le chapon trop gras, trop tendre, trop moelleux pour jamais accomplir son destin de roi de basse-cour. Et tous les hommes à table de serrer les genoux et gonfler leur poitrine.