J’apporterai le dessert. Proposition saugrenue, mais c’est sorti tout seul. On m’invite à dîner, je ne veux pas arriver les mains vides, et donc le dessert. Fais-nous quelque chose de bon, m’a-t-on répondu. Évidemment. Alors quoi ? Une tarte ? Je n’ai jamais cuisiné, jamais. Je décongèle, j’ouvre des barquettes, je réchauffe, je décapsule… Rien de plus. Je n’ai pas fait cuire un produit frais depuis au moins dix ans. Alors, une tarte ? Je suis sauvée par les miracles de la technique. Une barquette de fruits frais prédécoupés, sur un lit de crème anglaise, sur un fond de tarte industriel. Je parsème le tout de quelques pensées fraîches comme on en trouve au supermarché. Je peux dire que c’est moi qui l’ai fait. On n’a jamais rien mangé de pareil que ta tarte aux fleurs, me dit-on à la fin du repas. Tu m’étonnes. Avec des œufs, de la farine, du sucre et un kilo de pommes, tu n’arriveras jamais à un résultat aussi parfait.