Ce n’est pas parce que la fin du monde est proche qu’il faut se laisser aller. Au contraire. Jusqu’au bout, se montrer digne et résister, droite, le regard sur l’horizon. Ne tremblent que les faibles. Avoir peur de quoi ? Quand il y n’y a plus d’option, juste faire face à l’inéluctable : tout s’écroule déjà. Sauf moi, qui reste ferme. C’est la moindre des choses. Une politesse. Un savoir-vivre. Le sol tremble et se ravine : je me redresse dans le jour qui disparaît. La lutte est perdue, aucune chance de l’emporter, mais je ne baisse pas les bras. Je souris à l’effondrement des âges, à l’évanescence des derniers espoirs, à la disparition inexorable des promesses intenables. Je sais mes efforts pour ne rien laisser paraître totalement vains. Personne n’est dupe, et chacun voit autour de lui la fin se dessiner avec la netteté glaçante des certitudes inarrêtables. Les choses sont ce qu’elles deviennent. Et je souris.