Poussière d’étoile, comme ça que mon père m’appelait quand il avait encore de l’affection. L’étoile, c’était Johnny, le vrai, le seul, le grand, celui qui était en poster à la maison, et puis il y avait moi, le petit Johnny décevant, le gringalet au filet de voix aigrelet, sans charisme, ni talent. L’affection du paternel n’aura pas duré longtemps. Ah, ça, j’en aurai entendu des reproches. Eh, la poussière ! Comme ça que mon père m’appelait, ensuite. L’étoile avait disparu. Suis un des rares à m’être réjoui de la mort du chanteur. Je sais, c’est mal, mais c’est tellement peu par rapport à ce que j’ai subi. Et bien avant ça, je suis devenu un maniaque de la propreté, un fêlé du ménage. Plumeau, balai, chiffon électrostatique : j’ai toute la panoplie dont on puisse rêver et l’aspirateur automatique qui tourne en permanence aux quatre coins de mon studio. Parce qu’il fallait que j’habite un studio, forcément. On n’échappe pas totalement à son destin.