Je ne suis pas celui qui, cette nuit, s’est levé à trois heures du matin, le plus silencieusement possible.
Je ne suis pas celui qui a enfilé un jean, un T-shirt, une paire de chaussettes et ses plus vieilles chaussures.
Je ne suis pas celui qui a glissé dans ses poches six cachets de somnifère et une flasque de whisky.
Je ne suis pas celui qui a bu jusqu’au pont et, avec la dernière gorgée, les six cachets d’un coup.
Je ne suis pas celui qui a regardé l’eau couler une dernière fois, mais pas trop longtemps pour ne pas attirer l’attention.
Je ne suis pas celui qui a enjambé le parapet, s’est assis jambes dans le vide et a attendu une minute ainsi, laissant une chance à un passant de lui poser la main sur l’épaule.
Je ne suis pas celui qui s’est jeté dans le fleuve, étourdi d’alcool, espérant que la noyade au moins, ne serait pas trop douloureuse.
Je ne suis pas celui qu’on retrouvera quelques jours plus tard, en aval, méconnaissable, et dont la dernière lettre n’expliquera que partiellement le geste.